Deuxième tour de l’élection présidentielle : un choix cornélien !
Le bureau académique du SNEP Toulouse s’est réuni ce jeudi 14 avril 2022 et a bien évidement débattu des résultats du 1er tour de l’élection présidentielle (résultats que vous pouvez retrouver ici, et qui donnent non seulement ceux du niveau national, mais aussi ceux de notre académie, de nos départements, et même de nos préfectures).
Bien que le syndicalisme n’ait pas vocation à faire de politique, il ne peut non plus s’en exclure complètement, tout acte politique ayant des conséquences sur son activité.
Les deux projets de société qui restent en lice aujourd’hui pour le second tour de l’élection présidentielle ne portent ni l’un ni l’autre les aspirations de notre syndicalisme. Ce dernier se verra donc contraint dans les 5 ans à venir, et quelques soient les résultats de ce second tour, à redoubler d’effort pour à la fois convaincre les collègues de la nécessité de se syndiquer et celle de combattre tous les reculs sociaux que nous devons craindre des projets portés aujourd’hui par les deux derniers candidats.
La nécessité de convaincre le plus grand nombre d’adhérer à un syndicat devient une priorité notamment lorsque le pouvoir législatif cherche à restreindre au maximum les champs d’action des corps intermédiaires. La Loi de Transformation de la Fonction Publique, promue durant la précédente mandature, en s’attaquant au paritarisme, en réduisant les possibilités de contrôle des opérations de gestion des personnels à de simples recours individuels sans aucune visibilité globale, en instaurant la précarité comme mode principal de recrutement, n’a eu de but en définitive que de s’attaquer aux contre-pouvoirs que pouvaient encore constituer les organisations syndicales des fonctionnaires. Que restera-t-il des syndicats, déjà bien malades, si les personnels venaient à s’en écarter davantage, ne croyant plus en leurs capacités d’action et en leur efficacité, préférant la démarche individuelle à l’action collective ? Lorsque les contre-pouvoirs d’une société n’existent plus, ou qu’ils sont réduits à peau de chagrin, alors les dirigeants politiques et économiques peuvent faire tout et n’importe quoi dans l’opacité la plus complète au mépris de toute équité. Dans cette perspective d’un nécessaire renforcement syndical, encore faut-il que les personnels sachent vers quelle organisation syndicale se tourner. Afin de les y aider, nous publions ici vers quel candidat du 1er tour les membres des principales organisations syndicales se sont orientés.
S’il est nécessaire de convaincre le plus grand nombre de l’importance de se syndiquer, il est tout autant primordial d’anticiper les combats à venir. Ni le projet d’Emmanuel MACRON, ni celui de Marine LE PEN, laissent à penser que les 5 prochaines années pourraient se dérouler dans un climat apaisé où notre voix singulière retrouverait toute sa place. La crainte serait, en dehors de ce qui nous attend, d’un repli sur soi encore plus important que celui que nous avons connu ces dernières années dans la profession, alors que seul un mouvement social d’ampleur peut encore contraindre un gouvernement à faire marche arrière lorsque ses projets sont défavorables au plus grand nombre. Si avec MACRON, la contestation est restée possible malgré une répression de plus en plus dure (à l’image du mouvement sur les retraites ou de celui des gilets jaunes), avec LE PEN, rien ne nous garantit que nous pourrions encore manifester « librement ». L’extrême droite, dans les pays où elle est au pouvoir, interdit très souvent toute grève et toute manifestation. Dès lors, si les résultats des élections législatives à venir ne permettent pas de contrecarrer l’un ou l’autre projet de société des deux derniers candidats, les mobilisations de rue resteront un des derniers moyens de contestation. A condition bien entendu que ces mouvements sociaux ni ne dégénèrent, ni se soient réprimés par la violence.
Le SNEP académique de Toulouse ne peut pas bien entendu donner une orientation de vote pour ce second tour de la présidentielle. Chacune et chacun fera son choix en son âme et conscience. En revanche, le SNEP académique appelle chaque collègue à être vigilant, à ne pas s’enfermer dans un fatalisme mortifère ou une attitude individualiste, mais à apporter tout son soutien à l’organisation syndicale qu’il pense être la mieux armée pour lutter contre les dérives à venir et défendre non seulement un service public d’éducation de qualité, mais aussi l’ensemble des services publics de notre pays. Ni MACRON, ni LE PEN n’ont cette ambition. Ni MACRON, ni LE PEN ne porte un projet d’avenir pour les travailleurs, pour notre pays, ou pour sauver la planète.
Tout ne s’arrête pas au 24 avril 2022 !
Préparons-nous à ne pas subir !
PS : veuillez aussi trouver ici une expression libre qui nous a paru intéressant de publier.